Veyrignac, blotti sur les coteaux verdoyants surplombant la Dordogne, n’est pas seulement reconnu pour ses paysages apaisants ou ses pierres blondes chauffées au soleil. Ici, les traditions et les fêtes sont des repères. Elles tissent la mémoire collective et entretiennent, d’année en année, cette âme villageoise typique du Périgord Noir.
S’inscrire, ne serait-ce qu’un instant, dans le calendrier de Veyrignac, c’est découvrir toute la vitalité d’une communauté fière de ses racines. Entre rituels séculaires, pauses gourmandes et moments de partage, voici un aperçu détaillé de ce qui rythme l’année veiryniacoise.
La fête votive, appelée localement "la fête du village", est ancrée dans le Sud-Ouest — et Veyrignac ne fait pas exception. Historiquement liée à la Saint-Jean, elle se tient désormais souvent début août. Ce rendez-vous, autrefois dédié à remercier les saints protecteurs du village, a conservé ce sens profond de gratitude mêlé à un esprit de réjouissance populaire. Selon la tradition, la fête votive de Veyrignac réunit aujourd’hui autour :
Entre flonflons, concours de pétanque, jeux pour les enfants et retrouvailles après les moissons, la fête votive est un concentré de Veyrignac. En 2023, près de 350 personnes y ont participé — soit presque cinq fois la population hivernale du village (source : Insee, Mairie de Veyrignac).
La tradition orale s’invite toujours dans les hivers veïgnacois. Durant la « saison creuse », des soirées sont consacrées à la transmission des contes en occitan. Des conteurs, comme Michel Fauré ou Jean-Pierre Dissar, partagent histoires, légendes et anecdotes autour de la cheminée, permettant à la culture occitane — le « patois » du coin — de survivre au-delà des générations. Ces veillées, plus confidentielles (30 à 50 personnes), reflètent le besoin d'ancrage et d’authenticité propre à la campagne périgourdine.
L’association « De Lenga en Lenga » y organise également des ateliers de découverte du parler local et des chants traditionnels.
La Dordogne fait autorité en matière de gastronomie, et Veyrignac participe activement à cette réputation. La saison de la truffe, de décembre à février, s’accompagne de journées dédiées :
À Veyrignac, la truffe est une tradition familiale : près de 15 exploitations ou familles en vivent partiellement (source : Groupement Trufficole de la Dordogne). Les marchés organisés en janvier réunissent en général une douzaine d’exposants du bassin de Sarlat, et des visiteurs venus parfois de loin. Un événement confidentiel, mais attachant.
S’il n’existe plus de marché hebdomadaire directement à Veyrignac, beaucoup d’habitants ont gardé la tradition du marché du dimanche matin — à Cénac-et-Saint-Julien (10 minutes) ou Groléjac (5 minutes). C’est là que s’échangent nouvelles, recettes et bons plans. Le marché d’été de Groléjac accueille parfois un stand collectif des producteurs veïgnacois, pour valoriser l’agneau fermier, les confits, et les légumes de saison.
L’esprit village se retrouve chaque printemps lors de la fête des voisins, une tradition récente (première édition à Veyrignac : 2010), mais déjà adoptée par la grande majorité des foyers. Chacun apporte un plat, une tarte, une bouteille — le prétexte idéal pour accueillir les nouveaux arrivants ou renouer avec ceux que la routine éloigne.
Tous les ans, autour du 11 novembre ou de la mi-janvier, la municipalité et le CCAS organisent le repas des anciens — en réalité ouvert à tous ceux qui se “sentent d’ici”. On y échange des souvenirs, on évoque la vie rurale des années 40 ou 50, et quelques chansons montent, intemporelles. C’est parfois l’occasion de récompenser les doyens (en 2022, la doyenne avait 96 ans), ou de remettre une médaille à un ancien agriculteur du village.
L’église du XIIe siècle, classée monument historique, est le centre de la fête patronale, organisée chaque début août. Messe, procession, et apéritif sous le clocher, rassemblent croyants comme simples curieux. À noter : la tradition de décorer l’autel avec des gerbes de blé moissonné à la main, clin d’œil à la Veyrignac d’autrefois.
Moins courue, la bénédiction des récoltes a lieu certains étés, en lien avec la paroisse de Groléjac. On y retrouve l’écho de rituels agricoles ancestraux : apporter un panier de cerises ou de pommes, un bouquet de coquelicots, pour qu’ils soient bénis. Un geste qui rappelle la dépendance, autrefois vitale, entre village et nature.
Aux mois d’avril et de mai, l’association locale « Veyrignac Nature » organise plusieurs marches guidées. Marcher ensemble, c’est plonger dans l’histoire du village : chemin de la Chapelle Saint-Denis, boucle du Puy d’Alau, traversée des châtaigneraies — chaque sentier est prétexte à raconter anecdotes, histoires de bornes ou de moulins oubliés.
En octobre, c’est le grand déballage sur la place du village : le vide-greniers réunit chineurs de tout le territoire, collégiens en quête de fonds pour leur voyage scolaire, retraités ravis d’écouler vaisselle et anecdotes. On y croise un air de fête simple et de solidarité silencieuse, révélatrice de l’esprit rural.
Il serait réducteur de limiter les traditions de Veyrignac à ses seuls murs. La vie du village se synchronise parfois avec les grands rendez-vous de la Dordogne, tels que la foire de Sarlat, la fête de la noix à Carlux (2e week-end de novembre, source : Office de Tourisme Sarlat), ou les marchés de producteurs du Pays de Fénelon. Les fêtes médiévales de Domme, ou les Nuits Musicales de Vézac, drainent aussi des habitants, créant un brassage entre traditions locales et effervescence régionale.
Face à la raréfaction des anciens porteurs de mémoire, le tissu associatif et la mairie réinventent les traditions tout en maintenant leur authenticité :
Prendre part à ces moments ne nécessite pas forcément de s’inscrire ou de connaître du monde : ici, tout le monde est le bienvenu. Le calendrier précis est affiché devant la mairie ou à retrouver sur le site du regroupement de communes (voir l’agenda).
À Veyrignac, il reste essentiel de faire communauté — autour d’un verre, d’une assiette, d’un sentier ou d’une histoire. Les traditions rythment la vie, relient les générations et offrent, à qui veut l’approcher de près, la chance précieuse de rencontrer l’âme collective du Périgord Noir.
Des yeux d’enfants guettant les lampions aux mains ridées sculptant encore le pain pour la messe, chaque fête, aussi humble soit-elle, rappelle que la plus ancienne des traditions locales reste l’accueil et le partage.